Matheka et Kosgei seuls au monde à Martigny

Les Kenyans Bernard Matheka et Cynthia Kosgei remportent sans forcer la première course d’importance de cette fin d’année, la Corrida d’Octodure ; respectivement devant Laura Hrebec (CS 13 étoiles) et Jérémy Hunt (Porrentruy) – meilleurs Suisses. Les régionaux Stéphane Heiniger (US Yverdon) et Ludivine Dufour (Les Bioux) gagnent le Cross populaire du Nord Vaudois à Yverdon. Rencontre avec l’organisateur de Martigny Jean-Pierre Terrettaz, qui nous explique la recette de sa course, son évolution et son esprit.

(Texte: ATHLE.ch)

Le deux Kenyans Bernard Matheka et Cynthia Kosgei ont remporté leur 6e et 3e Corrida d’Octodure samedi soir. Tous deux sans avoir à forcer leur talent. Roulant a vive allure sur le bitume, le Kenyan de poche Matheka s’est imposé facilement en 23’01, creusant l’écart tour après tour. Auteur d’une très bonne course, le Jurassien Jérémy Hunt termine deuxième à 44 secondes, suivi de près des Ethiopiens basés en Suisse Estefanus Hailemichael et Kadi Nesero. Derrière, lutte serrée pour la place de deuxième Helvète entre l’homme en forme du moment, malade cette semaine, Julien Fleury (La Chaux-de-Fonds/24’10) et le local de l’étape François Leboeuf (CABV Martigny/24’19). On retrouve ensuite le jeune Fribourgeois Yan Volery (SA Bulle/24’23) et le vice-champion suisse du 1500 m Thomas Gmür (CA Sion/24’29).

Pas de suspense non plus chez les dames, avec l’envol dès le début de course de Cynthia Kosgei, à la lutte avec les meilleurs juniors (en 19’03, elle n’est battue que d’une seconde au sprint par Mathieu Benninghoff du Stade Genève). Derrière elle, Laura Hrebec (CS 13 étoiles) poursuit sur la lancée d’une saison aussi longue que réussie pour se classer deuxième en 19’35, 10 secondes devant la championne suisse du 5000 m Martina Tresch. Pas loin derrière, on retrouve la Fribourgeoise Vanesse Pittet (20’13) et la bonne surprise du jour : la spécialiste de 800 m Sabine Bonvin qui améliore de plus d’1’15 son chrono de l’an dernier pour venir chercher la 5e place.

Résultats complets de la Corrida d’Octodure

Résultats complets du Cross populaire du Nord Vaudois

Interview avec Jean-Pierre Terrettaz

Depuis quelques années à Martigny, les deux courses phares de la journée s’enchaînent à deux minutes d’intervalle en fin de programme. C’était une volonté de densifier le spectacle ?
Oui, la combinaison des catégories est arrivée assez naturellement. Nous avions de la peine à avoir assez de monde chez les dames pour en faire une course indépendante. On a opéré le changement il y a 10 ans environ. Il y avait de moins en moins de monde, et cela commençait à ne plus être attractif. On faisait partir des courses féminines avec 10 personnes, et les gens allaient boire un verre en attendant la course masculine ! Désormais, le public peut admirer les victoires des catégories dames, cadets, juniors et hommes sur une durée réduite, sans que le spectacle ne soit chamboulé, puisqu’avec deux minutes d’avance, les meilleurs juniors et femmes ne se font pas rattraper par les hommes.

Face aux grandes courses helvétiques qui se battent pour concocter les meilleurs pelotons possibles, vous semblez garder une ligne locale et privilégier les habitués. Comment expliquez-vous ce choix ? J’ai repris l’organisation de la course en 2013. À l’époque, le meilleur Suisse finissait 15e. Il y avait des managers russes qui amenaient leurs athlètes, en plus des nombreux coureurs étrangers habituels. On avait dû suivre la vague et insister là-dessus au début, dans les années 80, pour être reconnu. Mais petit à petit le retour du public est devenu mauvais ; les gens n’avaient plus d’intérêt à voir des courses avec 12 coureurs d’origine africaine aux avant-postes. Maintenant, on ne va plus chercher les coureurs étrangers. Certains nous contactent et on les accepte, mais on a décidé de mettre en valeur les Romands. De plus, beaucoup s’inscrivent après la publication des listes de départ, notamment des demi-fondeurs, voyant que la course est à leur niveau, et qu’ils peuvent se battre pour une place d’honneur ou affronter des spécialistes de leur discipline. Les gens préfèrent amplement ce genre de spectacle.

A l’heure où les courses se multiplient dans la région, quelle est votre vision pour la Corrida à long terme ? Comment voyez-vous évoluer vos catégories écoles et entreprises ?
Chez les entreprises, on a dépassé les 100 participants, ce qui est bien. Là, ce qui marche, c’est le bouche à oreille. Il faut que les gens réussissent à motiver leurs collègues à travers le canton. Pour les écoles, on se rend gentiment compte que s’il n’y a pas quelqu’un de proche de la course à l’intérieur des établissements, c’est difficile de drainer une grosse participation. Dans les cycles notamment, il faut parfois insister, et souvent on nous rejette. On nous dit que le samedi c’est difficile, que les jeunes ne sont plus motivés, que ce n’est pas le rôle d’une institution scolaire d’organiser cela. De notre côté, on fait tout pour les encourager: la participation pour les écoles de la région est entièrement gratuite, ce qui est assez rare. Ailleurs, il y a souvent un prix avantageux ou c’est la bourgeoisie qui propose un soutien. Notre but principal serait d’avoir un peu plus de monde chez les jeunes, pour promouvoir le sport dans la région. L’objectif n’est pas de grandir indéfiniment. On aimerait bien se stabiliser autour de 1600 participants. Cela justifierait tout le soutien logistique qui nous est offert par la commune.